BLOGUE. Facebook est certes déjà un grand succès d’affaires et technologique. Comme la publication de son prospectus l’a révélé, sa croissance et sa rentabilité sont exceptionnelles. Et sa mission est encore plus ronflante.
« Facebook, à l’origine, n’a pas été créée dans le but d’être une entreprise. Elle a été bâtie pour accomplir une mission sociale – faire de la planète un monde plus ouvert et plus «connecté».»
C’est la première phrase de la lettre de Mark Zuckerberg, président fondateur de Facebook, à ses futurs actionnaires. Il ajoute :
«Il y a un besoin immense et une occasion immense à faire en sorte que chacun soit connecté, à donner à chacun une voix et à aider à transformer la société pour l’avenir.» Et un peu plus loin, il explique :
«Nous avons toujours été principalement intéressés par notre mission sociale, les services que nous bâtissons et les gens qui les utilisent.»
C’est beau, n’est-ce pas ? À lire cela, j’en ai presque larme à l’œil (ne vous en faites pas, c’est probablement juste des allergies ou le début d’un rhume…).
Sérieusement, il n’y a aucun mal à vouloir changer le monde. Par contre, lorsqu’on exprime haut et fort de telles valeurs, il faut être prêt à accepter la facture qui va avec. En effet, la direction de Facebook doit faire preuve d’une conduite au-delà de tout reproche. Et dans notre monde, c’est difficile, voire impossible, surtout pour une société qui s’annonce être aussi dominatrice que Microsoft dans les années 1990.
D’ailleurs, déjà, la constitution même du capital-actions de Facebook me frustre. En effet, à la première page de son prospectus, on retrouve cette mention :
«Nous avons deux catégories d’actions, les actions A et les actions B….Chaque action A donne droit à un vote. Chaque action B donne droit à 10 votes…»
Évidemment, le fondateur Zuckerberg garde pour lui la majorité des actions à 10 votes.
Cette même société qui veut créer un monde plus ouvert et donner une voix à chaque personne ne voit aucun problème à créer deux classes d’actionnaires : les riches en droits de vote, soit les dirigeants et les pauvres en droits de vote, soit l’actionnaire ordinaire comme vous et moi.
Si ce n’est pas l’hypocrisie, qu’est-ce que c’est?
Bernard Mooney