La propagation du virus Ebola fait la manchette depuis quelques semaines. Et avec raison, car il s'agit d'une terrible maladie.
Derrière cette épidémie, toutefois, se profile un risque encore plus grand, plus catastrophique, magnifié par le climat réglementaire actuel du secteur pharmaceutique. La bonne nouvelle est que l'épidémie d'Ebola pourrait contribuer à nous faire prendre conscience de notre attitude irrationnelle à l'égard du risque.
D'abord, malgré tous les mécanismes de prévention mis en place, il est pratiquement inévitable qu'on retrouve des cas d'Ebola en Amérique du Nord. Ce n'était qu'une question de temps.
Les images en temps réel des gens infectés en Afrique ont augmenté le niveau de perception de crise. Et les cris pour qu'on fasse quelque chose afin d'aider les victimes ont fait monter la pression à l'égard des autorités. Conséquence : on leur demande d'abaisser temporairement les barrières à la recherche et aux essais cliniques.
La Food and Drug Administration (FDA), l'autorité américaine qui approuve de nouveaux médicaments, a ainsi levé son interdiction sur les essais d'un médicament de la société biotechnologique canadienne Tekmira Pharmaceuticals. Cette entreprise a reçu une subvention de 140 millions de dollars américains du Department of Defense des États-Unis pour élaborer un médicament contre l'Ebola.
Quelques semaines plus tôt, la FDA considérait ce médicament comme trop risqué.
L'organisme américain a également eu une attitude plus conciliante face à BioCryst Pharmaceuticals et Mapp Biopharmaceutical, deux sociétés qui travaillent sur des médicaments expérimentaux contre l'Ebola.Changement d'attitude
Il n'y a pas que la FDA. Soudainement, l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui contrôle le transfert des médicaments expérimentaux entre les frontières, est plus ouverte et moins hostile à l'égard des sociétés qui mettent au point des médicaments contre l'Ebola.
Il est bon de se demander ce qui diffère dans les médicaments en cause. Pourquoi ce changement soudain d'attitude de la part de ces organismes de réglementation ?
La raison est simple : lorsque des humains meurent devant les caméras de télévision, les effets secondaires potentiels des médicaments sont soudainement moins importants !
La réalité, c'est que des organismes comme la FDA sont devenus d'immenses bureaucraties qui entravent quasi systématiquement l'innovation. La prudence extrême est au centre de leurs préoccupations et on l'enfonce dans la gorge des sociétés pharmaceutiques par l'intermédiaire d'exigences très coûteuses, en dollars et en temps.
En théorie, cela semble intelligent d'appliquer les normes d'efficacité et de sécurité les plus élevées. On cherche à atteindre 100 % d'efficacité et, surtout, 0 % de risque. Dans la pratique, c'est irrationnel et nuisible.
Ce n'est pas une question d'individus, car, selon moi, les gens de la FDA sont très compétents. C'est que l'organisme est une excroissance politique et, en ce sens, il dépend et répond aux motivations des politiciens.
Il suffit qu'un médicament approuvé provoque des effets secondaires très publicisés pour que les tollés de protestation diabolisent les sociétés pharmaceutiques et forcent les organismes de réglementation à augmenter d'un cran, et plus, leurs critères de sécurité. Peu importe que ce soit rationnel ou non de le faire.Étau sur l'innovation
N'allez pas croire que je prêche pour les grandes multinationales comme Pfizer ou Johnson & Johnson. Au contraire, ce régime autoritaire est un étau qui étouffe surtout les plus petites sociétés bien plus axées sur la véritable innovation. Celles-ci n'ont pas les ressources des grandes pharmaceutiques afin de répondre aux exigences de plus en plus élevées des organismes de réglementation.
Et le monde a besoin d'innovation.
Si vous vous dites que les autorités ont été prises à l'improviste par les cas d'Ebola, ce qui expliquerait leur changement d'attitude, vous vous racontez des histoires, car la nature cyclique de virus comme l'Ebola est bien connue. On ne savait pas exactement quand il frapperait, mais on savait qu'il le ferait.
D'ailleurs, le risque d'épidémie sérieuse d'Ebola est relativement limité, en raison du fait qu'il se répand par les fluides humains, ce qui complique la propagation.
Par contre, une mutation du virus peut le rendre beaucoup plus dangereux. Par exemple, si l'Ebola devenait transmissible par la voie des airs, on se retrouverait avec une bombe biologique entre les mains. Vous n'avez pas besoin d'imaginer quelques bioterroristes travaillant à induire cette mutation, parce que des êtres vivants comme les oiseaux et les porcs y travaillent naturellement en s'échangeant des pathogènes en temps réel.
Cela aussi, les autorités comme la FDA et l'OMS le savent. Si la relation entre les risques et l'efficacité justifie de réduire les barrières réglementaires actuelles, la triste réalité est que c'était le cas depuis longtemps.
Car il n'y a pas que l'Ebola. Bien des spécialistes craignent davantage l'influenza, dont certaines mutations pourraient créer un virus capable de tuer des millions de personnes. Cette affreuse mutation est probablement déjà en train de se réaliser dans quelques régions sauvages.Ne croyez-vous pas qu'une telle menace justifie elle aussi un traitement réglementaire semblable à celui qu'on a récemment accordé à l'Ebola ?
En fait, il est urgent et critique de revoir notre approche de la réglementation médicale et pharmaceutique. D'abord, en prenant conscience que la recherche du risque zéro est irrationnelle, dangereuse et contreproductive. Ensuite, en isolant davantage les organismes de réglementation des influences destructrices de la politique et des médias.
Enfin, nous devons mieux éduquer les gens sur les grands avantages que représente une industrie pharmaceutique dynamique et innovante.
Hedge funds: Une nouvelle mode financière ?
L'annonce du 15 septembre par CalPERS (California Public Employees' Retirement System) qu'elle éliminait les fonds de couverture (hedge funds) de ses portefeuilles marque le début de la fin de cet instrument comme favori des caisses de retraite. La question : vers quelle nouvelle tendance financière les caisses tenderont-elles au cours des prochaines années ? Fidèles à leur habitude, les dirigeants des caisses de retraite chercheront d'autres avenues vers lesquelles se diriger pour mousser leurs rendements. J'ajouterais que la prochaine grande mode pourrait s'incarner dans les produits indiciels et les fonds négociés en Bourse.