BLOGUE. Le vendredi 5 août 2011, Standard & Poor’s a décoté les obligations du gouvernement américain dans une décision que plusieurs ont qualifié d’«historique». Le lundi suivant, tous les marchés boursiers ont dégringolé, l’indice Dow Jones, pour ne citer que celui-là, perdant 635 points.
Un an plus tard, la grande majorité des investisseurs ont complètement oublié cet événement. N’est-ce pas incroyable?
Pas vraiment, car c’est le reflet de la nature humaine et également des marchés financiers. L’événement du jour, aussi traumatisant puisse-t-il paraître, a le don de complètement se dissoudre avec le temps. Son impact aussi.
De nos jours, plus précisément depuis avril, ce sont les problèmes en Europe qui déferlent et occupent toutes les manchettes de la planète financière.
Pour revenir rapidement sur la décote de l’an dernier, les investisseurs craignaient toute une suite de conséquences négatives, voire catastrophiques. On anticipait ainsi le chaos dans les marchés financiers, une hausse sensible des taux d’intérêt, une dégringolade du dollar américain et une explosion du prix de l’or.
Douze mois plus tard, ces craintes prennent l’allure d’hallucinations. Les marchés boursiers américains sont parmi les meilleurs de la planète depuis un an, le Dow Jones se retrouvant à 13117, environ 1600 points de plus. L’indice S&P 500 a gagné 24,5% par rapport à son niveau à la clôture du lundi 8 août 2011 (la première séance après la décote).
De plus, la devise américaine s’est appréciée de 6% en un an et le prix de l’or a reculé d’environ 3%.
Enfin, les titres décotés par S&P, les obligations américaines, demeurent en forte demande. Par exemple, le rendement des obligations de 10 ans est passé de 2,58% le 5 août 2011 à 1,56% aujourd’hui. Les investisseurs continuent de prêter des sommes astronomiques au gouvernement américain et acceptent un rendement de moins en moins élevé...
Sans prétendre que tous les problèmes sont réglés (la situation financière et fiscale du gouvernement américaine demeure inquiétante), on peut au moins dire que les craintes du moment étaient exagérées.
Dans la tête des investisseurs, la fin du monde a été remise à plus tard, l’attention étant portée sur la communauté européenne...
Voilà un puissant rappel pour l’investisseur à long terme: c’est une erreur de prendre des décisions sur la base des grands titres macro-économiques.
Allez-vous vous en rappeler ?
Bernard Mooney