BLOGUE. «Cela en dit long sur Wall Street lorsqu’elle pompe une nouvelle émission comme elle l’a fait avec Facebook pour ensuite publier des rapports de recherche assez tièdes merci. »
C’est en ces termes que le Wall Street Journal a accueilli les nombreuses recherches publiées récemment par les firmes de courtage qui amorcent la couverture du titre du leader des médias sociaux. Facebook est entrée en Bourse le 18 mai dans le cadre d’un premier appel public à l’épargne. Le titre émis à 38$US se retrouve à 32$US, pas exactement l’entrée que plusieurs prévoyaient.
Des 18 analystes couvrant la société jusqu’à maintenant, huit seulement en recommandent l’achat, neuf sont «neutres» et un seul recommande la vente.
J’ai vu plusieurs de ces rapports sur Facebook. La plupart décrivent une société de grande qualité, mais soulignent que l’évaluation laisse peu de potentiel de gain. «Comme principale plateforme sociale, nous considérons que Facebook est bien placée pour profiter de la croissance des médias sociaux. Toutefois, l’évaluation semble incorporée une bonne partie du potentiel, ce qui limite notre enthousiasme à court terme», écrit Spencer Wang, de Credit Suisse dans une analyse publiée le 26 juin.
Mur de chine
Spencer Wang prévoit une croissance annuelle composée des revenus de 24% pour les cinq prochaines années. Il anticipe un bénéfice par action de 0,48$US cette année et 0,63$US l’an prochain. Ce qui donne un titre qui se vend 66 fois ses profits de cette année et 50 fois ceux de 2013. Sa recommandation: «neutre» avec un prix cible de 34$US.
Daniel Salmon, BMO Marchés des capitaux, a publié sa recherche hier avec des prévisions fort semblables. Sa recommandation est encore moins favorable avec un «Underperform» et un cours cible de 25$US.
Le Wall Street Journal souligne avec une sorte de dédain la recommandation «tépide» de l’analyste de Morgan Stanley avec son cours cible de 38$US, le prix de l’émission, alors que la firme a été le meneur du syndicat de preneurs fermes.
À mon avis, c’est plutôt rafraîchissant, nous laissant croire (les naifs que nous sommes) qu’il y a vraiment un mur de Chine entre le département de recherche et celui du financement corporatif, chez les firmes de courtage.
Car imaginez la manchette dans ce même Wall Street Journal si cet analyste de Morgan Stanley avait sorti sa recherche avec un éblouissant «Buy» et un cours cible de 50$US...
On ne peut pas reprocher grand chose aux analystes dans ce cas.
Facebook n’a pas encore publié de résultats financiers en tant que société ouverte, ce qu’elle fera d’ici la fin de juillet.
Bernard Mooney