BLOGUE. Il y a des mois, voire des années qu’on en parle. Et voilà : c’est cette semaine que doit se réaliser, finalement, le premier appel public à l’épargne de Facebook, ce géant des médias sociaux. Le titre devrait commencer à se transiger en Bourse le vendredi 18 mai sous le symbole FB.
J’ai déjà écrit quelques mots sur cette société (Facebook a tout de la société exceptionnelle), qui a tous les attributs qu’on recherche chez une entreprise de grande qualité, voire exceptionnelle. Elle a une forte croissance et ses perspectives de croissance demeurent bonnes. Elle est très rentable, avec des marges nettes supérieures à 18% et est très solide financièrement. Enfin, Mark Zuckerberg, son jeune président fondateur, quoique encore une valeur relativement inconnue, montre tous les signes de devenir un grand dirigeant.
Malgré cela, pour l’investisseur à long terme, le titre a deux gros problèmes. Facebook vient en Bourse relativement plus tard que d’autres titres qui sont devenus de grands gagnants, comme Google par exemple. La société est donc beaucoup plus grosse. D’une part, on pourrait facilement prétendre qu’il s’agit d’un avantage, car qui dit plus gros dit moins risqué. Ce qui est souvent juste.
Par contre, cela jouera contre Facebook lorsque viendra le temps de justifier son évaluation. En effet, à ses débuts, en raison de l’enthousiasme entourant sa venue en Bourse, on ne posera pas trop de question et le titre devrait bien faire. Sauf que dès que cet enthousiasme initial sera dissipé, les investisseurs jetteront un œil plus critique à son évaluation.
Ainsi, selon Dealogic, les revenus de Facebook sont environ 50% plus élevés que ceux de Google lorsque cette dernière est devenue société ouverte en 2004. Or, la valeur boursière de Facebook devrait être déjà quatre fois plus grande que celle de Google!
Le titre de Facebook se vendra dans les alentours de 80 fois ses profits réalisés en 2011. Même si on prévoit une forte croissance, reste que ce genre de ratio a rarement enrichi les acheteurs à long terme. La marge de sécurité, comme le dirait Benjamin Graham, est nulle à cette évaluation.
L’autre gros problème est plus de nature qualitative. En effet, l’investisseur à long terme qui achète Facebook doit avoir une très bonne idée de l’évolution de son secteur d’activité dans les prochaines années. En effet, il est facile de constater que la société domine aujourd’hui avec ses quelques 900 millions d’adeptes dans le monde.
Mais les deux questions qui tuent : est-ce que Facebook dominera encore dans 10 ans et à quoi ressemblera ce secteur d’activités en 2022?
Personnellement, j’en ai aucune idée et c’est la raison principale pourquoi Facebook n’a aucun intérêt pour moi…
Qu’en pensez-vous?
Bernard Mooney
P.S. En passant, le magazine Forbes a publié un article récemment sur la comptabilité des sociétés évoluant dans les médias sociaux. Une lecture importante si ce secteur vous intéresse…