BLOGUE. Lorsque vient le temps d’expliquer une erreur, les individus sont vite tentés de trouver des excuses. Les investisseurs ont cette même tentation.
En effet, il est vrai que les marchés financiers ont été difficiles depuis 2000. On ne peut passer sous silence des événements historiques comme l’implosion de la bulle techno et la crise financière de 2008-09. Certes.
Mais il faut aussi, en tant qu’investisseur qui veut s’améliorer, apprendre à se voir froidement pour s’évaluer objectivement. C’est la seule et unique façon de progresser.
Or, si j’avais à pointer du doigt la plus grave erreur des investisseurs c’est leur tendance de transiger trop. Il est difficile d’avoir des données spécifiques concernant les individus, mais celles touchant les professionnelles sont fracassantes.
En effet, le taux de roulement des portefeuilles des gestionnaires de fonds communs d’actions aux États-Unis a augmenté de façon dramatique depuis plusieurs décennies. Durant les années 1950, le taux de roulement moyen était inférieur à 20% (ce qui signifie qu’en moyenne un titre est conservé pendant cinq ans). En 2002, selon Morningstar, on a atteint le sommet de tous les temps, soit un taux de roulement de 134%.
Pour les 10 ans terminés le 31 décembre 2011, le taux de roulement moyen a été de 101%! Ce qui signifie qu’en moyenne, les gestionnaires de ces fonds conservent un titre moins d’un an.
Il s’agit effectivement de moyenne car plusieurs fonds ont des taux beaucoup plus élevés. En effet, encore selon Morningstar, 7% des fonds d’actions ont des taux de roulement de 200% ou plus. En fait, seulement 16% des fonds ont des taux de roulement de moins de 25%.
Ce qui est intéressant, c’est que les recherches démontrent que les portefeuilles dont le taux de roulement est plus bas ont de meilleurs rendements. La différence de rendement pour l’ensemble des fonds atteint 1,4% par année et peut atteindre 3,1% pour les fonds à petite capitalisation et 2,6% pour les titres à capitalisation moyenne.
Ces données démontrent qu’il y a un avantage à moins transiger. Il y a également des études provenant de l’économie comportementale qui montrent que les petits investisseurs ont tendance à tomber dans le piège de la suractivité boursière.
Si après réflexion, vous réalisez que c’est votre cas (ou que vous pourriez améliorer cet aspect), le premier pas est vraiment de changer votre perception de la Bourse et de votre portefeuille. Selon moi, la meilleure approche (et la seule!) est de voir les titres boursiers comme des entreprises et votre portefeuille comme un mini-conglomérat constitué de plusieurs participations dans les meilleures sociétés que vous pouvez identifier.
Lorsque vous voyez la Bourse de cette façon, avant d’acheter un titre, vous l’étudiez en profondeur. Et une fois que vous l’avez acheté, vous le conservez plusieurs années, réduisant radicalement votre activité boursière et augmentant tout aussi radicalement vos chances de succès.
Bernard Mooney