BLOGUE. Lorsque j’ai lu le sommaire des résultats financiers d’Alimentation Couche-Tard, j’ai dû me frotter les yeux de crainte que ce ne soit un rêve. En fait, je suis allé lire le communiqué au complet...
Pour son trimestre clos le 29 avril, la chaîne de dépanneurs a réalisé des bénéfices surpassant les 100M$US et plus de 450M$US pour son exercice clos le même jour. Cela à partir de revenus de six milliards de dollars (G$US) à son dernier trimestre et de près de 23G$US pour son exercice.
Oui, vous avez bien lu. Le petit dépanneur de Laval a maintenant un chiffre d’affaires de 23G$US, si on comprend ses ventes d’essence.
Couche-Tard, à la fin de son exercice avait un total de 5 803 magasins, dont 1 264 sont affiliés. Si vous ajoutez à cela les établissements licenciés à l’international, son réseau atteint plus de 10 100 magasins. Avec l’acquisition toute récente de Statoil Fuel, la société ajoute plus de 2 300 magasins.
En révisant ces chiffres, je n’ai pu que ressentir une très grande admiration pour le trajet parcouru et les réalisations de la direction, en particulier Alain Bouchard, président et chef de la direction. Lorsque j’ai commencé à suivre la société, à la fin des années 1980, je me demande si sa valeur boursière était de 100M$. Aujourd’hui, elle fait plus de profits que cela en un seul trimestre. En fait, la société vaut plus de huit milliards de dollars au cours d’hier, ce qui la classe parmi les plus importantes entreprises canadiennes.
Après le krach de 1987, un chroniqueur montréalais s’était moqué d’Alimentation Couche-Tard en écrivant qu’une chaîne de dépanneurs n’avait pas d’affaire en Bourse. Je me souviens de la réaction de M. Bouchard et de Richard Fortin, vice-président Finance de l’époque, qui ne comprenaient pas pourquoi on s’emprenait à eux. À quelque part, ils y ont probablement trouvé une motivation additionnelle.
Le succès de Couche-Tard est remarquable, pas seulement en raison de son ampleur, mais surtout à mon avis parce qu’elle évolue dans un secteur si difficile. Les marges bénéficiaires sont microscopiques.
En 2012, la marge nette a été inférieure à 2%, ce qui signifie qu’il faut un gestion serrée et disciplinée pour être et demeurer rentable. En plus, la compétition est et a toujours été féroce, malgré plus de 20 ans de consolidation. Enfin, ce secteur a été frappé de tous les côtés depuis 25 ans.
À ses débuts, Couche-Tard était un nain dans un univers de géants (ayant des Provi-Soir, des Perrette, des Silcorp et bien des pétrolières comme compétiteurs). La direction a, de façon méthodique, grossi principalement par des acquisitions, quelques fois toute petites, et d’autres fois gigantesques.
Jamais, jamais la direction n’a dévié de son plan, refusant obstinément de payer plus cher que son prix prédéterminé. C’est ce qu’elle a fait il y a une vingtaine d’années lorsqu’elle a acheté Silcorp, devenant le plus important dans son secteur au Canada. C’est ce qu’elle a fait en refusant de hausser son prix pour acheter l’américaine Caseys il y a quelques années. C’est ce qu’elle a fait récemment en achetant Statoil, devenant une des plus importantes chaîne de dépanneurs au monde.
Couche-Tard, malgré sa taille et la couverture médiatique dont elle jouit, demeure à mon avis le succès québécois le moins apprécié. C’est parmi les plus grands succès québécois de tous les temps, sinon le plus grand.
BRAVO Alain Bouchard.
Bernard Mooney
P.S. Le titre atteint un nouveau sommet historique ce matin à près de 48$, en hausse de près de 4%!