BLOGUE. Coup sur coup, deux lecteurs m’ont demandé récemment ce que je pensais du Plan Nord. Il s’agit d’un sujet que je préfère éviter en raison de ses nombreuses connotations politiques.
Par contre, sur le plan financier et économique, il est probablement pertinent d’en dire quelques mots. En résumé, si c’était un titre boursier, je ne crois pas que j’achèterais le Plan Nord.
Le Plan Nord implique l’investissement de centaines de millions de dollars aujourd’hui (ou à court terme) dans le but de récolter des fruits dans plus de 10 ans. Et la plus grande partie de ces retombées sont basées sur le marché des ressources naturelles.
Vous conviendrez avec moi qu’il s’agit d’un pari assez risqué. Si vous me parliez d’investir dans une société comme Coca-Cola dans une perspective de plus de 10 ans, ce serait un pari pas mal plus facile.
Je n’ai aucune idée quant aux perspectives des principales matières premières qui devraient être exploitées dans cette région du Québec. Ce que je sais c’est que la rentabilité de ces exploitations dépend en grande partie du prix de ces ressources, pas aujourd’hui, mais dans 10-15 ans.
Je comprends l’enthousiasme des promoteurs. Ils font miroiter les rendements des dernières années de ce secteur, les extrapolant loin dans l’avenir. Investir intelligemment est plus compliqué que cela.
Pour moi, les perspectives des ressources naturelles des 10 à 15 prochaines années me semblent moins favorables que lors des 10 dernières années. Comment puis-je lancer cela ? Entre autres parce qu’il y a 10 ans, personne, mais personne ne voulait investir dans les ressources (l’enthousiasme était encore dirigé vers les grandes sociétés technos et les grandes sociétés multinationales, même s’il était en baisse par rapport à l’euphorie de 1998-2000).
En placement, il est nettement préférable d’investir dans des actifs moins populaires.
La vision du gouvernement
Je ne mentionne même pas le fait qu’à long terme, rares sont les sociétés minières qui investissent vraiment leurs actionnaires (par contre, leurs promoteurs, eux, se remplissent les poches…).
En bref, je ne serais pas surpris que dans 10 ans, l’idée du Plan Nord fasse passer le stade Olympique pour un grand placement !
Je parle de ce projet du point de vue de l’investisseur. Évidemment, l’optique du gouvernement est différente. On veut, outre le fait de profiter politiquement de l’enthousiasme provoqué par cette pluie de millions de dollars, créer des emplois. Il y aura certes création d’emplois et je ne suis pas en mesure d’évaluer si sur cette base il s’agit d’un projet rentable (mon intuition me dit que chaque emploi créé coûtera très cher, comme c’est le cas dans la plupart des cas lorsque le gouvernement fait ce genre d’intervention…).
Quant à moi, je ne suis pas acheteur, loin de là !
Bernard Mooney
P.S. En tant que société, il me semble qu’il serait préférable d’investir dans des secteurs à forte valeur ajoutée….BM