BLOGUE. Depuis que la Réserve fédérale américaine, la banque centrale des États-Unis, a révélé qu’elle pourrait ne plus avoir recours à d’autres manœuvres d’accommodement monétaire, les marchés boursiers vivent une période de doute. Les principaux indices ont reculé pendant quatre jours consécutifs, ce qui ne s’est pas vu depuis janvier.
L’amélioration du marché du travail a ouvert la possibilité que l’économie progresse mieux que prévu, d’où le signal de la Fed. Ce que les investisseurs n’aiment pas, prétendant que l’économie a encore besoin du soutien dynamique de la banque centrale.
Or, les données sur l’emploi publiées vendredi, plus faibles que prévu, semblent donner raison à ces investisseurs.
Si j’étais à la place de Ben Bernanke, président de la Fed, je me méfierais des réactions des marchés financiers. En effet, après les trois bonnes années boursières qui ont suivi le creux de la crise de 2008-09, bien des investisseurs commencent à montrer des signes de dépendance.
Comme des drogués, ils veulent que la banque centrale américaine continue d’appuyer la reprise en maintenant ouverts tous ses robinets monétaires. Leur motivation n’est pas vraiment la santé économique à long terme, mais le fait qu’il est beaucoup plus facile de faire de l’argent dans un tel contexte.
Une très bonne nouvelle
Au lieu de rechigner, le passage au neutre de la Fed (qui en passant n’est encore qu’une intention, pas une réalité) devrait être perçu comme une très bonne nouvelle. Cela signifie que l’économie américaine prend du mieux, au point de ne plus avoir besoin de stimulation artificielle. Autrement dit, le patient a pris du mieux, depuis la grave crise cardiaque d’il y a trois ans, au point de n’avoir plus besoin du respirateur artificiel. Bravo!
Sur le plan boursier, que certains investisseurs y aient vu un signal pour prendre des profits, est peu surprenant après les gains récents. A plus long terme, à supposer que la Fed passe à l’action, il faudra un certain temps avant que les marchés s’y adaptent. Une période de consolidation ne serait donc pas surprenante, avant de passer au stade suivant, soit un marché boursier dont la performance serait proportionnelle à la croissance des bénéfices des entreprises.
L’autre scénario : que l’économie retombe dans la torpeur forçant la Fed à au moins maintenir sa stimulation monétaire. Cela ne serait pas nécessairement une bonne nouvelle, le ralentissement affectant la rentabilité des sociétés.
Tout cela pour dire qu’à un certain moment, il faut s’attendre à ce que la Fed se retire. Le moment et la manière restent à déterminer et demanderont un grand doigté de la part de M. Bernanke. Ce dernier affronte deux fantômes, celui de la dépression des années 1930 (alors que la Federal Reserve n’a pas assez soutenu l’économie) et celui d’Alan Greenspan (qui, selon de nombreux observateurs, l’aurait trop soutenue après le krach de 1987).
Bernard Mooney