L’annonce lundi (15 septembre) par Calpers qu’elle éliminait les hedge funds de ses portefeuilles marque le début de la fin de ce véhicule comme favori des caisses de retraite. La question : vers quelle nouvelle tendance financière ces fonds se tireront dans les prochaines années?
Avant de vous soumettre mon hypothèse, il est bon d’expliquer la décision du California Public Employees’ Retirement System (avec un nom comme ça, vous comprenez pourquoi on utilise plutôt Calpers).
La plus importante caisse de retraite publique aux États-Unis a mentionné qu’elle liquiderait les quatre milliards de dollars (G$) US investis dans les fonds dits spéculatifs (que je préfère appeler par leur vocable anglais hedge funds) d’ici la prochaine année pour simplifier ses actifs et réduire ses coûts. Calpers a un actif total de 298G$US, alors elle n’a tout de même pas beaucoup d’argent dans cette catégorie d’actif.
Un dirigeant a expliqué que les hedge funds ont certainement leur place pour certains, mais pour Calpers en raison de leur complexité et de leurs coûts élevés, ils ne méritent plus d’être dans leurs portefeuilles.
La caisse de retraite a investi son 4G$US dans 24 hedge funds et dans six fonds-de-fonds, chacun investissant dans plusieurs hedge funds. C’est la formule épousée par la plupart des caisses de retraite, incluant celles que vous connaissez au Québec et au Canada.
Dur coup pour ces fonds
Cette décision de Calpers est un dur coup pour l’industrie des hedge funds, car Calpers est un leader reconnu chez les caisses de retraite, qui le suivent et l’imitent. Il faut dire que le temps a dégonflé la réputation des hedge funds, qui ont pris leur essor il y a plus de 10 ans, vendus comme des sources de rendement peu importe la performance des marchés.
Ce qui a été un élément très vendeur à partir de 2000 en raison de la performance négative des marchés boursiers à partir de l’éclatement de la bulle techno. Par contre, leur performance relativement décevante depuis la crise financière de 2008 a terni considérablement leur réputation.
J’ai écrit souvent de façon critique sur les hedge funds. Pas parce que l’idée fondamentale de ce type de fonds soit mauvaise, mais d’abord et surtout parce que l’approche des caisses de retraite est stupide.
Surdiversification et frais élevés
Investir dans plus de 30 hedge funds, comme le fait Calpers, paraît sensé. Je suis convaincu que le consultant qui a vendu cette idée a misé bien gros sur le fait que cela limite les risques. Autrement dit, le décideur ne perdra pas son travail en raison d’un fiasco.
Par contre, les chances de réaliser un rendement supérieur au marché sont minimes, voire nulles. Et c’est encore plus vrai si on inclut les frais élevés (souvent 2% de l’actif plus un 20% de l’appréciation).
Une caisse de retraite qui fait le point froidement après plusieurs années d’expérience réalise qu’effectivement elle n’a pas vécu de fiasco. Par contre, ses rendements après frais sont médiocres, dans le meilleur des mondes. Elle n’a donc pas été vraiment récompensée pour le niveau accru de complexité à son portefeuille.
Il faut donc s’attendre que de plus en plus de caisses de retraite en viennent à la même conclusion que Calpers. La tendance baissière de la popularité des hedge funds n’est donc pas terminée.
Fidèles à leur habitude, les dirigeants des caisses de retraite chercheront d’autres avenues vers lesquelles se tirer pour mousser leurs rendements.
Ce n’est pas si difficile à trouver en fait. Après plusieurs années de boom dans les ressources naturelles, elles ont fait une plus grande place à l’or, au pétrole, et à plusieurs matières premières, comme placement en soi, en plus d’investir dans les producteurs de ces ressources (c’était l’avenir, expliquaient-ils à leurs clients).
En fait, ils faisaient ce que font tous les mauvais investisseurs, Ils achètent tout ce qui a bien performé lors des cinq dernières années.
Dans ce sens, vous verrez de plus en plus de ces caisses, subitement (ou presque), vous vanter les vertus de la Bourse américaine, surtout les grandes entreprises (ce volet pour paraître moins risqué).
J’ajouterais que la prochaine grande mode financière pourrait de plus s’incarner dans les produits indiciels et les fonds négociés en Bourse.
Bernard Mooney