Quand j’ai entendu parler de la grande journée des petits entrepreneurs, j’avoue que je n’étais pas certaine d’aimer l’idée. Je suis toujours déchirée entre le désir de rendre mes enfants autonomes et l’idée de leur mettre de la pression qu’ils ne devraient pas avoir sur leurs petites épaules. J’ai commencé à expliquer à mon fils de 7 ans et demi qu’on privilégiait les produits ayant le meilleur rapport qualité-prix en faisant l’épicerie, mais c’est là que s’arrête sa compréhension du marché pour l’instant.
Alors quand j’ai vu que ma petite dernière de 5 ans pouvait se monter une business et l’inscrire à cette journée visant à encourager l’entrepreneuriat, j’étais assez choquée, je dois l’avouer. En lisant au sujet de l’événement, je trouve évidemment que de donner l'occasion aux enfants de développer leur sens des responsabilités et leur autonomie est très louable, même si je doute que « leur goût pour l’entrepreneuriat » s’enflamme à un si jeune âge.
Je me pose la question : Est-ce qu’à 5 ans, 7 ans, 10 ans, nos enfants devraient avoir à comprendre les rouages de la consommation? Devrait-on leur montrer si vite que s’ils travaillent toute la nuit à fabriquer des bracelets en laine plutôt que pendant deux heures, ils vont pouvoir en vendre plus, faire plus d’argent, s’acheter plus de chips et de jus?
Je pense qu’au secondaire, là où les cours d’économie ont disparu depuis la dernière réforme scolaire, ce serait l’endroit pour montrer aux jeunes tout ce que ça implique d’être son propre employeur. Ça leur permettrait, à un âge où ils se font constamment demander ce qu’ils feront plus tard, de voir s’ils ont le potentiel et l’intérêt de devenir un entrepreneur.
Cela dit, loin de moi l’idée de dénigrer cette initiative qui risque d’être très agréable pour une bonne partie des enfants qui y participeront, et qui leur permet aussi de courir la chance de gagner 2000$ en REEE. Je pense seulement qu’au minimum, une édition pour adolescents devrait être proposée en parallèle. D’autant plus que cette initiative part d’un OBNL financé en grande partie par des fonds privés, qui pourraient donc sans doute facilement financer une deuxième version de la journée et pallier à leur façon aux coupures dans le système scolaire qui laissent imaginer le pire pour les programmes dédiés à ceux qui sont réellement sur le point de devenir des travailleurs…
De mon côté je ne suis pas à l’aise de mettre cette pression sur mes enfants, alors j’attendrai que ça vienne d’eux ou qu’ils soient un peu plus âgés. Pour les quelques années qu’il leur reste à ne pas angoisser avec l’argent et les responsabilités qui viennent avec, je vais les protéger!