L'Internet des objets, la commande vocale, la réalité augmentée, le sans-fil 5G ultrarapide et l'intelligence artificielle peuvent sonner comme des technologies à peine émergentes, mais ça n'empêche pas les fabricants d'appareils électroniques, électroménagers et même automobiles de miser à plein sur tout ça pour leurs nouveautés de l'année à venir. La preuve, en cinq temps.
1. L'intelligence artificielle
Plusieurs bonnes blagues nous viennent à l'esprit à propos de ces robots androïdes qui s'effeuillent autour d'un poteau dans un club de danseuses à proximité du Centre des congrès de Las Vegas, où a lieu le CES. Depuis au moins 15 ans, l'industrie du porno tente de profiter de la conférence techno pour faire parler d'elle, et ce coup-là, ça n'a pas raté. À l'exception près que le buzz n'est pas exactement positif…
Mais comme l'adage le dit : si l'industrie du sexe adopte une nouvelle technologie, c'est un signe précurseur de la popularité de ladite technologie. Alors, préparez-vous à une invasion de robots en tout genre.
Une autre humanoïde qui présage d'un avenir plus rayonnant pour l'AI est Sophia, de Hanson Robotics, dont le visage a fait le tour du web l'an dernier. Celle-ci peut entretenir la discussion aisément, à un point où c'en est inquiétant.
Cela dit, ces robots ne prendront pas nécessairement la forme humaine. Durant sa présentation sur scène à l'ouverture du CES, Intel a clos le spectacle avec un jeu d'éclairage particulièrement animé, créé de toutes pièces par de petits drones héliportés dotés de projecteurs. L'astuce: ces «Shooting Star Mini Drones» n'ont personne aux commandes, même s'ils peuvent coordonner leurs efforts une fois programmés. L'effet est saisissant, mais pas de chance pour les intéressés, ces drones seront réservés aux présentations corporatives comme celle-ci.
C'est un peu plus niché, mais au moins, c'est un peu plus concret que toutes ces promesses d'une conscience autonome pour des robots dont le principal mandat pourrait être de remplacer les humains dans des boulots un peu trop ennuyeux…
2. La réalité augmentée >>>
2. La réalité augmentée est l'appareil photo du futur
Beaucoup de réalité virtuelle et augmentée au CES encore cette année. Si on ne devait pointer qu'un seul produit incarnant une nouvelle tendance, c'est probablement le Mirage Solo de Lenovo. Ce casque de réalité virtuelle est animé par le système Daydream de Google, et est doté d'une nouvelle technologie de mouvement appelée WorldSense qui permet de naviguer dans le monde virtuel comme dans le vrai monde, à l'aide de capteurs de mouvement à six axes.
Cette nouveauté rend la réalité virtuelle un peu plus interactive, sans avoir à se casser la tête avec l'équipement nécessaire pour interagir avec l'interface logicielle. Naturellement, pour Daydream comme pour tous les autres environnements de réalité virtuelle et augmentée, ce qui manque encore cruellement, c'est du contenu qui donne le goût d'y retourner plus souvent qu'une ou deux fois après avoir acheté le produit…
À ce niveau, peut-être que la caméra que Lenovo a dévoilée aux côtés de son casque pourrait fournir une partie de la solution? L'appareil n'a pas un style particulièrement accrocheur, mais ses deux objectifs permettant de prendre des clichés en pleine stéréoscopie ont fait dire à plus d'un observateur qu'il pourrait s'agir là d'un premier exemple des appareils photo qui équiperont les téléphones intelligents dans un avenir rapproché.
Si ça se produit, ça aidera cette technologie qui tarde à réellement prendre son élan à aller au-delà du simple effet de nouveauté.
3. La commande vocale >>>
3. La commande vocale tous azimuts
Un collègue américain a écrit qu'au rythme où vont les choses, les gadgets qui feront la nouvelle d'ici la fin du CES seront ceux qui n'ont pas encore intégré Alexa, d'Amazon, ou l'Assistante de Google. Car si Amazon a pris une position dominante dans ce créneau encore tout naissant, Google a mis les bouchées doubles cette année pour se faire voir (ou entendre, au choix).
Google a donc déjà annoncé des partenariats afin d'intégrer son assistance vocale à des appareils d'autres grandes marques. JBL, Bang & Olufsen, LG Electronics et d'autres fabricants d'haut-parleurs et de casques d'écoute ont notamment opté pour la commande vocale de Google. Lenovo, LG et Sony vont quant à eux ajouter l'Assistante Google à leurs téléviseurs, ce qui pourrait rendre obsolète la bonne vieille télécommande, en plus de faciliter l'accès au contenu provenant de l'écosystème Google.
De son côté, Alexa continue de regrouper les autres appareils de la maison sous son égide. De Whirlpool à Moen, plusieurs fabricants d'électroménagers et d'accessoires pour la maison ont dévoilé des nouveautés aussi disparates qu'un four micro-ondes ou qu'une "pomme de douche numérique" qui répondront aux commandes dictées à l'assistante vocale d'Amazon.
4. Réseaux 5G >>>4. Réseaux 5G : ça va aller vite… éventuellement
Le mois dernier, l'industrie des télécommunications s'est finalement entendue sur des normes pour mettre en place la cinquième génération de réseaux sans fil (la 5G, les réseaux LTE actuels étant la 4G). Ces derniers jours, les fournisseurs de services sans fil américains ont confirmé que les premiers réseaux 5G sur le continent arriveront à la fin de l'année.
Comme les réseaux 4G, il faut s'attendre à ce que la première vague de 5G soit un peu moins rapide que la norme maximale théorique, qui dépasse le gigabit/seconde, ce qui devrait éclipser de loin les accès résidentiels à haute vitesse. Au Canada, les tests effectués par Bell, notamment, font tout de même état d'un débit initial six fois plus rapide que la connexion LTE actuellement en marché la plus rapide. Vidéo mobile en direct, réalité virtuelle, infonuagique, tout va en bénéficier. À condition que les prix soient raisonnables...
En principe, les réseaux 5G ont été pensés pour la prochaine vague d'objets connectés, allant des robots aux voitures. Un des avantages de cette technologie, au-delà du débit élevé, est le temps de réaction à peu près instantané des communications (latence). En théorie, il serait possible pour une centrale de prendre le volant à distance de votre voiture connectée pour vous sortir du pétrin via une connexion 5G. Pas de surprise si tant Intel qu'AMD travaillent fort pour convaincre les fabricants de voitures de s'associer à eux.
Qualcomm, Ericsson et Nokia sont aussi convaincus que ces réseaux auront davantage de vertus du côté des systèmes informatiques plus complexes que les téléphones intelligents. La gestion en temps réel des infrastructures, de la circulation, des usines (et carrément des robots qui bossent dans ces usines) sont des avenues prometteuses pour la 5G, même si elles ne sont pas tout à fait grand public.
5. La voiture autonome >>>
5. Vers la voiture autonome canadienne?
Les gros canons de l'industrie automobile ont envahi le CES il y a quelques années déjà et ça n'a pas changé cette année.
Ford est venu parler de voiture connectée, puisque le premier pas vers un parc automobile sécuritaire composé de voitures avec et sans conducteur, c'est une bonne communication entre tous ces objets roulants. Le groupe de Detroit a notamment annoncé une entente avec Qualcomm afin de créer des normes d'industrie pour ces communications, qu'elles aient lieu entre deux véhicules, entre un véhicule et les piétons, ou entre un véhicule et l'infrastructure environnante, à commencer par les feux de signalisation, en ville.
Hyundai revient à la charge de son côté avec une pile à hydrogène bonne pour 600 kilomètres d'autonomie par plein. Ça permettra à son Nexo, un petit VUS qui sera mis en marché au compte-gouttes aux États-Unis, de rivaliser avec la Toyota Mirai, entre autres. Seul bémol : à moins de demeurer à Los Angeles, il faut beaucoup plus que 600 km pour faire le trajet entre deux stations d'hydrogène…
Toyota, de son côté, a laissé Gill Pratt, son chercheur en chef, présenter ses doutes face à l'échéancier un peu trop serré de ses rivaux en matière de conduite autonome. Selon lui, les véhicules entièrement autonomes, qu'on dit de «niveau 5», sont assurés de voir le jour. Reste à déterminer quel jour ce sera, et s'il n'en tient qu'à Toyota, ce jour surviendra beaucoup plus tard qu'en 2019, ce que promet General Motors, notamment.
Détail intéressant: dans tout ça, ce sont probablement les équipementiers qui risquent de profiter le plus. Ce sont eux qui fournissent les systèmes donnant vie à ces véhicules de demain. Deux équipementiers bien placés pour profiter de cette tendance sont canadiens. Magna International a développé des solutions en matière de motorisation électrique et de conduite autonome qui devraient plaire aux grands constructeurs.
De son côté, Leddartech, de Québec, a présenté un capteur lidar compact et bon marché qui devrait aider ces mêmes constructeurs à passer à l'étape suivante en matière de conduite assistée, celle du déploiement grand public des premiers systèmes autonomes de niveau 3, bons notamment pour l'autoroute.
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