Au Québec, il y un manque flagrant d’organisation dans l’application des politiques de développement économique. Premièrement, au sein de l’État québécois, un trop grand nombre de ministères, programmes et organismes se partagent cette mission. Nous devons simplifier ces structures pour améliorer la gestion du développement économique et la rendre cohérente.
Deuxièmement, de nombreux programmes fédéraux (BDC, SADC, CAE, etc.) œuvrant au Québec ont également pour mission de favoriser le développement économique. Inévitablement, ces chevauchements désordonnés nuisent à la cohérence que devrait avoir une politique axée sur la croissance économique. Il faut donc rapatrier ces programmes.
Nous proposons d’éliminer ces chevauchements ainsi que la multiplication des organismes québécois. Nous devons regrouper tous les programmes et organismes dans une seule institution, la Banque de développement économique du Québec (BDEQ), pour permettre une meilleure intégration des leviers de développement économique. Ce guichet unique permettra aussi d’alléger le fardeau administratif des entrepreneurs.
Offrir un service plus efficace et plus diversifié aux entrepreneurs
La mission centrale de la Banque sera de soutenir la création d’entreprises et de contribuer à leur essor. Son mandat sera notamment d’épauler les PME et de desservir une plus large clientèle, actuellement laissée à elle-même, comme les petites collectivités locales, les instituts de recherche, les regroupements d’entreprises, les organismes culturels et les entreprises d’économie sociale. Ces institutions contribuent à l’essor du Québec et elles méritent l’appui de l’État. Elles ont besoin d’avoir accès à du capital de risque, des prêts directs et des garanties de prêts.
Une des innovations majeures de la Banque sera d’offrir du capital patient aux entrepreneurs avec des attentes de rendement à plus long terme. Le premier objectif est d’augmenter le taux de survie des jeunes entreprises, qui est très bas en ce moment au Québec.
Mettre les régions au cœur du développement économique
La Banque aura des succursales dans les 17 régions du Québec, car nous voulons que l’État soit davantage présent en région. Nous y arriverons en intégrant les bureaux régionaux d’Investissement Québec et ses directions régionales ainsi que les bureaux régionaux du ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation.
Les succursales de la Banque remplaceront les Fonds d’intervention économique régionaux (FIER), qui n’ont pas été en mesure, ces dernières années, d’assurer un contrôle rigoureux sur l’attribution des sommes consacrées au développement économique de nos régions. Les entrepreneurs en région méritent l’appui de structures qui servent véritablement au développement économique et non à des intérêts privés liés au Parti libéral ou à n’importe quel autre parti.
Mettre fin au contrôle privé sur le capital public
Ce détournement des fonds destinés au développement régional vers des intérêts privés proches du parti au pouvoir est le symptôme d’un problème important : le contrôle privé sur le capital public. S’il est porté au pouvoir, le Parti Québécois appliquera un principe fondamental dans sa conception du développement économique : lorsque le capital provient des poches des contribuables québécois, c’est à l’État québécois d’en assurer la gestion. Cessons de confier la gestion de sommes majoritairement publiques à des intérêts privés. C’est une question de justice, de cohérence et d’imputabilité. Le contrôle public permettra également de répondre aux véritables besoins des entreprises qui sont au stade de prédémarrage ou de démarrage.
S’investir dans nos ressources naturelles
La Banque sera également composée d’entités sectorielles, notamment la Société Québécoise de développement des ressources naturelles (SQDRN), qui aura pour mission de coordonner une approche intégrée de gestion des ressources naturelles. Nous devons mieux contrôler nos ressources, tout en nous assurant de les exploiter selon les principes du développement durable et dans le respect des communautés locales.
Les ressources naturelles sont d’une importance capitale pour l’économie québécoise : 5% de nos emplois y sont liés, représentant 9 % du produit intérieur brut (ministère des Finances, 2010). Il importe donc non seulement de les valoriser et de les gérer de manière durable, mais aussi d’augmenter la participation québécoise (publique ou privée) dans les entreprises qui les exploitent. La SQDRN sera mandatée pour faire des recommandations afin de développer l’expertise de l’État dans les ressources naturelles, la délivrance des permis, l’industrialisation et le développement des régions.
Une vision différente
La vision du développement économique que propose le Parti Québécois est différente de celle véhiculée par les deux autres principaux partis politiques. Le PLQ et la CAQ ont une vision essentiellement axée sur le laisser-faire. Au Parti Québécois, nous croyons que l’État a un rôle à jouer pour appuyer les entrepreneurs, en autant que ce rôle soit joué par des institutions efficaces, que les services offerts soient souples et diversifiés, que les régions soient au cœur des décisions et que le gouvernement soit responsable de la gestion des fonds publics.
Cette vision, nous la concrétiserons en créant la Banque de développement économique du Québec.
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LesAffaires.com offre une tribune à chaque parti politique pour faire connaître leur vision économique. Docteur en économie de l’université Queen’s, Nicolas Marceau est député de la circonscription de Rousseau depuis 2009. Il est aussi reconnu pour son engagement communautaire. Il est porte-parole officiel du Parti québécois en matière de finances.