BLOGUE. Un malheur n'arrive jamais seul. Parlez-en aux actionnaires de SNC-Lavalin. Après les allégations de corruption, voilà maintenant que les résultats de l'entreprise tanguent. Il pourrait cependant y avoir plus de lumière qu'il n'y paraît avec l'arrivée de Robert G. Card.
Au deuxième trimestre, le consensus des analystes visait un bénéfice de 0,40 $ par action. Le résultat est plutôt venu à... 0,01 $.
La majeure partie de l'écart (0,33 $) tient à une charge extraordinaire de 50 M $ prise sur deux contrats à prix fixe pour des coûts qui seront plus importants que prévus d'ici la fin des travaux.
SNC, qui anticipait un bénéfice de 379 M $ pour 2012, estime maintenant qu'il se situera dans une fourchette de 325 à 340 M $.
Une tuile n'attend pas l'autre pour le groupe d'ingénierie. Quand même, en y repensant à deux fois, on s'est demandé s'il n'y avait pas aussi un peu de positif dans les résultats.
Se pourrait-il que le conseil de SNC suive les commandements du prophète Élie et ait plutôt aplani le chemin du Sauveur ?
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Un nouveau chef de direction devait normalement être nommé à la tête de l'entreprise à la fin septembre. Coïncidence, il a plutôt été nommé une semaine après les résultats. Robert G. Card entrera en fonction le 1er octobre. Il aura beaucoup d'ordre à remettre dans la bâtisse, particulièrement au chapitre de l'application terrain du code d'éthique. Afin de ne pas lui compliquer davantage la vie, il n'est peut-être pas impossible que l'on ait au préalable fait un petit tour de jardin de l'ensemble des contrats sous exécution. En séparant dans le germe l'ivraie susceptible de nuire au bon grain. Ce qui veut dire que, pour les prochains mois du moins, il ne devrait pas y avoir trop de mauvaises surprises.
Évidemment, il est difficile d'aller beaucoup plus loin que les prochains six mois avec cette impression (l'horizon de l'aperçu fourni par la direction). Après coup, le risque de mauvaises surprises augmente parce qu'une plus grande partie du carnet de commandes, qui n'est pas encore en cours de réalisation, entre justement en réalisation.
Combien vaut SNC ?
Combien vaut SNC?
Dans pareil contexte, combien devrait-on actuellement payer pour SNC ?
La meilleure façon de procéder est sans doute de tenter de voir la valeur de ses investissements dans les concessions et de lui ajouter celle de sa division d'ingénierie.
Le portefeuille de concessions (participations dans l'autoroute 407, AltaLink, le centre hospitalier McGill, Astoria, etc.) est généralement évalué entre 19 et 21 $ par action par les analystes de notre univers. Optons pour la valeur médiane : 20 $.
Reste alors à donner une valeur aux activités d'ingénierie, le plus difficile de l'opération.
Contre toute attente, le carnet de commandes a augmenté de 14 % par rapport à l'an dernier au deuxième trimestre et de 1,7 % par rapport au trimestre précédent. Une hausse assez surprenante compte tenu de tout le bruit entourant les allégations de corruption. Une hausse qui augure très bien à première vue pour la suite des choses. La direction se montre cependant prudente au cours des prochains mois et indique que le carnet pourrait glisser dans les prochains mois, étant donné le ralentissement dans le secteur minier et dans l'industrie des sables bitumineux.
SNC roule actuellement avec des revenus annuels qui oscillaient autour de 7,6 G $. Son carnet est à 10,7 G $. Au dernier trimestre, elle a encore rentré plus de commandes en valeur qu'elle n'en a exécutées. Teintons donc l'avenir d'une dose de négativisme en postulant que les commandes ralentiront et que ce qui rentre au carnet deviendra relativement égal à ce qui sort.
Il reste ensuite à voir quelle marge SNC pourra avoir sur ce carnet de commandes. Avec les mauvaises nouvelles, la direction guide vers un bénéfice d'environ 225 M $ pour la deuxième moitié d'année, ce qui, si on exclut la contribution des concessions, laisse un bénéfice d'environ 0,55 $ par action, par trimestre (merci à la CIBC pour le calcul). Annualisé, cela veut dire un bénéfice autour de 2,20 $ par action. Retenons 2 $.
Il faut enfin déterminer le multiple à appliquer à cette projection. On a vu toutes sortes de multiples être utilisés dans notre univers d'analystes. De 10 à 13 fois le bénéfice attendu. On prendrait le plus bas, qui est en outre pas mal celui du secteur. Ce qui veut dire : 20 $ de valeur par action pour la division ingénierie.
Petite mathématique : 20 $ + 20 $ (les concessions) = 40 $.
C'est ce à quoi devrait pas mal actuellement se négocier le titre de SNC, sous des hypothèses conservatrices, teintées de pessimisme.
Il s'échange plutôt autour de 37,24 $.
Constat ?
Si l'économie tient, le chemin paraît effectivement en partie aplani pour M. Card. Pas seulement au sein de l'entreprise, mais sur le marché boursier aussi.
DANS LE DÉTAIL
Sur le radar
SNC-Lavalin sur cinq ans
(SNC, 37,50 $)
Les données de marché
Symbole SNC
Prix actuel 37,24 $
Fourchette 52 sem. 34,92-55,95 $
Dividende 0,88 $
Valeur boursière 5,7 G $
Prévisions de bénéfices par action (incluant les participations Infrastructures)
ANNÉE / 2012 / 2013
31 déc. / 2,21 $ / 2,87 $
T1 / 0,44 $ / 0,59 $
T2 / 0,21 $ / 0,66 $
T3 / 0,68 $ / 0,75 $
T4 / 0,75 $ / 0,77 $
Recommandations des analystes
Achat 2
Surperforme 3
Conserver 7
Sous-performe 1
Vendre 0
Cible des analystes
Moyenne 45,67 $
Plus élevée 56 $
Plus basse 40 $
Source : Thomson Reuters
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