Les entreprises canadiennes recommenceront à investir, s'il faut en croire les perspectives de Statistique Canada.
L'agence gouvernementale prévoit une hausse de 5 % des investissements non résidentiels en 2010 au Canada et au Québec. Chez nous, les investissements du secteur privé augmenteront de 1 %, le gros de l'activité venant d'Hydro-Québec et du secteur public.
D'après Simon Prévost, président des Manufacturiers et Exportateurs du Québec, les membres de cet organisme qui réfléchissent à des projets d'investissement sont de plus en plus nombreux.
" La disponibilité du financement est un problème qu'on rencontre encore aujourd'hui. Cela pourrait retarder la mise en place des investissements ", craint-il.
Si la disponibilité du crédit reste problématique, d'autres facteurs favorisent une reprise des dépenses en capital. La force du huard rend la machinerie américaine meilleur marché. Sur le plan fiscal, la taxe sur le capital a été abolie pour le secteur manufacturier l'an dernier, dit Hélène Bégin, économiste chez Desjardins.
1. Les entreprises américaines donnent le ton
Le produit intérieur brut a augmenté de 3,2 % aux États-Unis au premier trimestre 2010, a indiqué le Département du Commerce américain le 30 avril. Les investissements en équipements et en logiciels effectués par les entreprises ont bondi de 13,4 %.
Dans une note publiée à la fin de mars, la firme BCA Research, de Montréal, anticipait ce rebond.Ses économistes disaient que les revenus et les bénéfices avaient repris le chemin de la croissance chez nos voisins. Ils notaient aussi l'écart accru entre le coût du capital des entreprises et le rendement de celui-ci. " Les entreprises américaines doivent augmenter leurs investissements de près de 20 % pour revenir au niveau d'investissement par employé qui prévalait avant la récession ", écrivait BCA Research.
2. Les bénéfices sont au rendez-vous
Au Canada aussi, les bénéfices sont de retour. " Ils sont en hausse de 20 % depuis le creux de la mi-2009 ", dit Hélène Bégin, économiste chez Desjardins. Autre signe positif, la confiance des entrepreneurs, telle que mesurée par le baromètre de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, a repris le terrain perdu pendant la récession. " Les investissements, les profits et la confiance des entreprises évoluent dans le même sens ", ajoute-t-elle. Il ne reste plus qu'aux investissements à emboîter le pas. Desjardins prévoit une hausse des investissements de 3,5 % des entreprises publiques et privées québécoises en 2010. L'institution financière estime à 27,2 milliards la somme des investissements des entreprises en 2010, par rapport à 26,2 milliards en 2009 et 30,2 milliards en 2008.
3. Le bilan des entreprises est sain
Contrairement aux ménages canadiens, les entreprises du pays ne sont pas surendettées, indiquent les données de Statistique Canada colligées par Peter Buchanan, économiste de Marchés mondiaux CIBC. Le ratio dette/avoir des sociétés (à l'exception des entreprises financières) est de 54 %, la moitié de ce qu'il était lors de la récession du début des années 1990. De plus, c'est 15 points de pourcentage de moins au niveau d'endettement des entreprises américaines. Le poids du service de la dette, à 30 % des bénéfices d'exploitation, est inférieur à ce qu'il était il y a 20 ans, où la totalité des bénéfices servaient au remboursement de la dette. Un bilan sain est-il propice à l'investissement ? " Les entreprises qui ont assaini leur bilan souffriront moins d'une hausse des taux d'intérêt ", a expliqué M. Buchanan.
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