En mars, une nouvelle diminution des prix de l'énergie conjuguée à une baisse des prix des aliments, des vêtements, des automobiles d'occasion et des services hôteliers a fait reculer l'indice des prix à la consommation américain de 0,1 %.
Au-delà des fluctuations mensuelles, c'est la comparaison avec les chiffres de l'an dernier qui se révèle très éloquente : pour la première fois depuis août 1955, le taux d'inflation est en territoire négatif, à -0,4 %.
Bien qu'on puisse qualifier cette situation de déflation, soit un taux d'inflation négatif, il ne s'agit pas encore du phénomène tant craint par les économistes et par les banques centrales, c'est-à-dire un recul durable et généralisé des prix.
Dans un véritable environnement déflationniste, les consommateurs et les entreprises ont tendance à retarder leurs achats en espérant profiter de prix plus faibles dans un avenir rapproché. Observé au Japon dans les années 1990, ce comportement risquerait d'entraîner une contraction prolongée de l'économie dont il serait difficile de se défaire.
Jusqu'à maintenant, le recul des prix n'est pas généralisé aux États-Unis : sur 12 mois, la baisse de l'IPC tient exclusivement à une chute de 23 % des prix de l'énergie alors que, par exemple, les prix des aliments sont en hausse de 4,4 %. L'inflation de base, qui exclut les aliments et l'énergie, se situe ainsi encore clairement en territoire positif à 1,8 %.
Un plancher l'été prochain
La faiblesse des prix de l'essence par rapport à ceux de l'an dernier gardera l'inflation totale en dessous de zéro jusqu'à ce qu'un plancher d'environ - 2 % soit atteint l'été prochain. Pour que la déflation soit généralisée et problématique, il faudrait que l'inflation de base et les salaires connaissent aussi des variations annuelles à la baisse, ce qui n'est pas actuellement le scénario principal.
La sévérité de la récession actuelle aux États-Unis risque bien d'entraîner encore des pressions à la baisse sur plusieurs prix au cours des prochains mois, d'autant plus que le taux d'utilisation de la capacité industrielle est passé à 69,3 %, en mars, un nouveau creux historique.
Les mesures sans précédent du gouvernement américain et de la Réserve fédérale pour éviter une répétition du scénario japonais devraient toutefois permettre à l'économie américaine d'esquiver un véritable épisode de déflation.
AU CANADA, L'INFLATION SE MAINTIENT POUR L'INSTANT
L'indice total des prix à la consommation a augmenté, à rythme mensuel, de 0,2 % en mars. Les composantes ayant le plus contribué à cette hausse sont l'essence (+2,0 %), les primes d'assurance automobile (+2,0 %), les vêtements (+2,9 %) et les voyages organisés (+5,5 %). À l'opposé, la plus importante baisse provient des véhicules automobiles neufs (-1,9 %). À l'instar des États-Unis, ce n'est qu'une question de temps avant que le Canada connaisse une période temporaire d'inflation négative.