BLOGUE. On parle beaucoup au Canada des difficultés du géant local Research in Motion (BlackBerry), mais il y a un autre géant de l'électronique dont les assises sont sérieusement secouées depuis quelques années : Sony.
La multinationale japonaise a présenté jeudi ses résultats financiers annuels et la situation est loin d'être reluisante. Il faut d'abord savoir que, depuis 2000, l'entreprise a perdu environ 90% de sa valeur.
Pour l'année terminée le 31 mars dernier, les ventes globales de Sony ont reculé de près de 10 %. Ses pertes ont été de 456,7 milliards de yens (5,72 milliards de dollars), la plus importante de son histoire. Voilà quatre années de suite qui se terminent dans le rouge pour Sony.
L'un des secteurs les plus importants de l'entreprise, celui des téléviseurs, a perdu un total de 700 milliards de yens (8,77 milliards de dollars) au cours des huit dernières années. Et, à moins d'une surprise, l'année en cours sera encore déficitaire à ce chapitre. Ce n'est pas avant l'année suivante que Sony estime pouvoir faire tourner le paquebot. Ça, c'est si Apple ne vient pas tout bousiller en se lançant dans ce marché, tel qu'anticipé.
Ça ne va pas tellement mieux dans le secteur des jeux vidéo, où Sony a déjà été le grand leader, au début des années 2000. Dans les consoles de salon, sa PlayStation 3 vient au 3e rang, loin derrière la Wii de Nintendo mais très près de la Xbox 360 de Microsoft.
La prochaine année sera plus que cruciale dans ce secteur. Nintendo devrait y lancer la prochaine version de sa console, la Wii U, qui sera selon toutes vraisemblances la vedette de l'Electronic Entertainment Expo (E3), au début du mois de juin, à Los Angeles. Microsoft et Sony ont déjà fait savoir que leur propre lancement ne surviendrait que plus tard. Cela signifie qu'on ne les verra probablement ni l'une, ni l'autre, sur les tablettes avant l'automne 2013.
Historiquement, si l'on fait exception de la génération actuelle, le marché des consoles de jeux vidéo n'a à peu près jamais supporté de façon viable plus de deux consoles différentes. Il n'est pas difficile d'imaginer qu'un faux pas de l'un des trois fabricants pourrait le reléguer aux oubliettes pour la prochaine génération. Et présentement, à titre de numéro 3, c'est Sony qui est « assis sur le bord de la porte ».
Ce n'est guère plus encourageant dans le marché des consoles de jeux portatives. Sony a annoncé avoir vendu 1,8 million d'exemplaires de la PlayStation Vita, lancée en décembre au Japon et en février ailleurs. C'est très court comme période, mais on ne peut pas du tout parler de ventes mirobolantes. Sa rivale directe, la Nintendo 3DS, a trouvé près de 17 millions de preneurs depuis son lancement, il y a un an. Mais ses vraies rivales sont en réalité les téléphones intelligents, devenus avec le temps des plateformes de jeux mobiles. Tant et si bien que l'avenir même du secteur des consoles portatives est menacé.
Sony ne fait d'ailleurs guère mieux sur le front des téléphones intelligents, où son nom vient loin, très loin derrière ceux d'Apple, Samsung, Research in Motion, Nokia, HTC et même LG. En fait, sauf erreur, ensemble, les quatre grands opérateurs présents au Québec (Bell, Rogers, Telus et Vidéotron) n'offrent qu'un seul téléphone intelligent portant la marque Sony. Il s'agit du Sony Ericsson Xperia ray, chez Telus. Sony s'est porté acquéreur de la part d'Ericsson dans leur coentreprise en février dernier.
Ajoutez à cela les désastres naturels qui ont frappé le Japon et la Thaïlande, dont l'entreprise dit s'être finalement remis, et vous comprenez que le nouveau PDG, Kaz Hirai, issu de la division « Computer Entertainment » qui chapeaute la PlayStation, a beaucoup de pain sur la planche.