Au moment de lire ces lignes, vous avez peut-être déjà jeté l'éponge sur votre résolution de l’année 2012. Vous avez déjà pris une deuxième portion de gâteau, vous avez déjà sauté une séance au gym ou encore, vous en avez déjà fumé une petite « après un verre ».
Voici donc un autre conseil, que vous pourrez transformer en résolution : ne dites rien à votre sujet sur Internet.
Comme il y a très peu de chances que vous réussissiez à tenir cette résolution plus longtemps que les autres, malheureusement, vous pouvez vous rabattre sur celle-ci à titre de consolation : si vous parlez de vous sur Internet, sachez à qui, et attendez-vous à ce que, de toute façon, tout le monde le sache.
Quelqu’un, j’ignore qui, a écrit quelque part que si vous obtenez quelque chose sur Internet sans payer, c’est que vous êtes le produit, pas le client. C’est à peine exagéré.
On nous répète depuis que l’on est tout petits qu’il n’y a rien de gratuit dans la vie ; une vérité qui est en effet incontournable. Et pourtant, comme des enfants, on semble prêt à croire qu’Internet a magiquement annihilé ce principe de base.
Service de renseignements en ligne
L’exemple type de cette pensée magique, le mammouth du renseignement personnel, c’est Facebook. Cette entreprise est blâmée à répétition pour sa gestion tantôt déficiente, tantôt opportuniste des tonnes – mais vraiment des tonnes – de renseignements personnels que les internautes lui livrent sur un plateau d’argent.
À l’occasion, l’entreprise se fait coincer et doit modifier ses règles ou ses façons de faire. On croit le problème résolu, puis il réapparaît sous une autre forme peu de temps après.
En réalité, le problème ne disparaîtra pas. La collecte et la diffusion de renseignements personnels ne sont pas un accident, c’est la mission de Facebook. L’entreprise n’est pas diabolique pour autant. Comme toutes les autres, elle existe pour faire de l’argent. Et vous, comme internaute, ne payez pas. Alors elle se tourne vers ceux qui vont le faire. Et pour ceux-là, le produit, c’est vous.
Cela dit, on peut très bien vivre en acceptant cet état de fait. Votre vie n’est pas réduite à néant parce que Procter & Gamble apprend au détour d’une information fournie sur Facebook que c’est vous qui faites la vaisselle à la maison et s’en sert pour vous bombarder de publicités vantant ses savons à vaisselle.
Il faut simplement être prêt à vivre avec l’idée que quelqu’un, quelque part, est en mesure d’en savoir au moins autant que vous sur vous-même.
Inconsciemment, il semble que je suis prêt à ça. Je donne ces conseils et je suis du même coup un très grand utilisateur de Facebook. Faites ce que je dis, pas ce que je fais.
Transformés par le nuage
La mode de l’informatique en nuage n’a rien fait pour ralentir votre lente transformation de client à produit.
Prenez Apple et son service iCloud. Là encore, je suis un grand utilisateur. Maintenant, mon agenda est synchronisé automatiquement entre mon ordinateur et mon iPhone. Mes photos aussi.
C’est très pratique. Et c’est gratuit. Sauf que maintenant, mon emploi du temps et mes photos sont sur Internet, accessibles à un paquet de gens pour un paquet d’usages. Et peut-être un jour accessibles à tout le monde quand quelqu’un aura piraté le service.
Si un jour la police devait enquêter sur moi, elle en apprendrait plus que je ne pourrais probablement même l’imaginer en deux visites, une chez mon fournisseur de téléphonie mobile et une chez Apple : où j’étais, quand, avec qui, pourquoi, ce que j’aime, ce que je n’aime pas, ce qui me motive, etc.
Dans les circonstances, le meilleur conseil pour 2012, et le plus facile à suivre, serait peut-être simplement de rester sage...