BLOGUE. Apple aurait pu parler des caractéristiques de l'iPad Mini pendant des heures, nous faire valoir que son boîtier était fabriqué de pierres lunaires soudées par fusion atomique, tout ce qu'on voulait savoir, c'était le prix. Et 329$, c'est bien au-delà de ce à quoi on s'attendait.
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La raison pour laquelle Apple, après avoir résisté pendant environ deux ans, s'est décidée à lancer une version plus petite de l'iPad, c'est qu'il s'agissait de la seule emprise de ses concurrents. Ces derniers lui avaient à peu de choses près concédé le marché de la tablette d'environ 10 pouces, sur lequel ils se sont tous cassé les dents.
C'était différent avec les tablettes 7 pouces. Plus petites, elles pouvaient être vendues moins cher, un facteur évidemment important auprès de beaucoup de consommateurs. Le format de 7 pouces a aussi, en soi, un certain attrait. J'ai essayé l'un des tout premiers il y a quelques années et j'adorais être en mesure de le glisser dans certaines poches de manteaux. On me dit que les femmes aiment aussi pouvoir l'insérer dans leur sacoche.
Au risque de cannibaliser ses ventes de l'iPad « régulier », Apple devait donc lancer une version Mini, un geste avant tout défensif. Après tout, comme l'a déjà indiqué Steve Jobs lui-même, il ne faut pas avoir peur de cannibaliser ses propres produits. Si on ne le fait pas nous-mêmes, quelqu'un d'autre le fera et c'est exactement ce qui était en train de se produire.
Mais l'iPad Mini atteint-il vraiment cet objectif avec un prix de 329$ US? Ses deux principaux rivaux sont la Nexus 7 de Google et le Kindle Fire d'Amazon, tous deux vendus 199$, soit 40% moins cher!
Or, le prix était justement l'une des deux grandes raisons qui faisaient en sorte que les gens les préféraient à l'iPad. On aura beau tenter de leur vendre l'iPad comme étant meilleur, ils ont déjà démontré qu'ils étaient prêts à se contenter de moins bon pour moins cher.
Il y a toutefois de grandes inconnues dans ce calcul stratégique : les prix de revient de chacune des trois tablettes. Il est possible qu'Apple ait décidé de tenter d'utiliser sa position de leader pour se positionner comme étant le seul fabricant à vendre à profit. On peut penser que les deux autres vendent à perte. Ils ont d'ailleurs déjà donné des indications en ce sens, particulièrement Amazon.
Si tel est le cas, la stratégie pourrait être compréhensible. Ultimement, c'est toujours celui qui fait le plus d'argent qui finit par gagner.
Des interrogations (page suivante)
Des interrogations
Par ailleurs, la présentation d'Apple a soulevé quelques interrogations, que voici :
• L'une des vidéos présentées faisait valoir la capacité d'utiliser l'iPad Mini avec une seule main. Celui-ci est doté d'un écran de 7,9 pouces, comparativement à 7 pouces pour ses rivaux. Dans le marché des téléphones intelligents, Apple est dans une position inverse : l'iPhone 5 est plus petit que ses rivaux. Pourtant, là aussi, l'argument est qu'on peut l'utiliser d'une seule main. Suis-je le seul à perdre la logique?
• Apple commencera à accepter les commandes pour l'iPad Mini vendredi. Et vendredi, c'est jour de lancement de Windows 8. Il ne faut vraiment pas croire qu'il s'agit d'une coïncidence. Il y a un temps, Apple aurait tout fait pour éviter un jour de lancement de Windows, parce qu'elle serait passée complètement inaperçue. Maintenant, on fait exprès.
• Il n'y a pas que l'iPad Mini qui a été présenté. Il y a aussi un nouveau Macbook, un nouveau Mac Mini et un nouvel iMac, mais surtout, une nouvelle génération complète d'iPad, la 4e. La troisième n'avait pourtant été lancée qu'en mai dernier! On ne peut donc même plus dire, quand on achète un nouvel appareil, qu'il sera désuet « l'an prochain ».
• J'ai déjà écrit qu'on ne pouvait vraiment accuser Apple d'être responsable de l'immense buzz que suscitent ses conférences de presse, lequel buzz s'est récemment souvent transformé en déception une fois ladite annonce effectuée. Entre autres, disais-je, Apple ne diffusait même pas ces conférences de presse en direct sur son site Web. Mais aujourd'hui, elle l'était.