BLOGUE. Si le titre de Facebook avait déjà été échangé publiquement jeudi, il aurait probablement très durement encaissé le coup annoncé hier par Zynga.
Dans son prospectus déposé en vue de son entrée en Bourse, Facebook identifie clairement Zynga comme étant une entreprise envers laquelle elle entretient une certaine dépendance.
« Nous générons actuellement une portion importante de nos revenus grâce à notre relation avec Zynga et si nous sommes incapables de maintenir cette relation, nos résultats financiers pourraient en souffrir », écrivent noir sur blanc les dirigeants de Facebook, avant de préciser que cette « portion importante » est de 12 %.
Zynga est un éditeur de jeux qui s'intègrent dans Facebook. Si vous avez un compte Facebook, il est presque impossible que vous n'ayez jamais reçu une invitation pour jouer à Farmville, Cityville ou un autre des jeux de Zynga, qui comptent 240 millions d'utilisateurs actifs chaque mois.
Facebook en tire des revenus de trois façons : grâce aux frais de transaction qu'elle récolte lorsque les joueurs achètent des produits dans un des jeux, par la publicité qu'achète Zynga sur son site et par les publicités qu'elle peut afficher sur ses pages pendant que les gens jouent à un jeu.
Or Zynga a justement annoncé hier qu'elle allait lancer sa propre plateforme qui allait intégrer directement ses jeux. Du coup, les trois sources de revenus de Facebook auprès de Zynga s'en trouvent affectées.
Plutôt que de passer par Facebook, les joueurs pourront se rendre directement sur le site de Zynga, diminuant ainsi l'importance du premier.
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Ceci dit, le geste n'est probablement pas tombé comme une surprise pour les dirigeants de Facebook hier.
« Je ne pense pas que Zynga fasse quoi que ce soit sans en parler à Facebook, les deux entreprises sont trop proches », estime Alain Tascan, président de la compagnie de jeux montréalaise Sava Transmédia. Celle-ci sera justement l'un des trois premiers partenaires de Zynga dans cette nouvelle aventure. Ses jeux seront disponibles sur la plateforme Zynga, mais sur Facebook aussi, puisqu'il n'y a aucune entente d'exclusivité.
« Pour une start-up comme la nôtre, la stratégie est de produire des jeux de qualité et après, de les exposer au plus de gens possible. On voit Zynga comme un accélérateur. C'est l'équivalent d'un réseau de distribution. Comme une sorte de gros Wal-Mart virtuel. »
Le partenariat entre les deux entreprises vaut pour plusieurs titres, a indiqué M. Tascan. L'entreprise, qui est née en mai 2011, espère lever le voile sur son premier jeu « avant l'été ou au début de l'été ». Elle espère aussi pouvoir profiter de l'expertise de Zynga à d'autres égards. Par exemple, le type de jeux que produisent Zynga et Sava sont conçus pour être joués par des dizaines de milliers de personnes en même temps, ce qui complique évidemment la tâche de les tester. L'expérience de jeux passés devient alors très importante.
« On s'associe au 1er mondial dans le domaine, résume M. Tascan. Le fait qu'ils aient vu nos projets et qu'ils les aient aimés nous donne une bonne tape dans le dos. C'est bon pour le moral. »