Une ville remplie d'hôtels gigantesques tous saturés, 150 000 participants, 3000 entreprises, 1,9 million de pieds carrés d'exposition, 5000 journalistes… Et tout ça pour quoi? Pas grand-chose, probablement.
C'est mardi prochain que s'ouvrira, à Las Vegas, le Consumer Electronics Show (CES), une immense foire annuelle qui regroupe à peu près tout ce qui touche de près ou de loin à l'électronique. Il faut y avoir assisté au moins une fois pour réaliser à quel point l'événement est gigantesque, pour ne pas dire tout à fait hors de proportions.
Pour faire image, on y attend à peu près autant de participants qu'il y a d'habitants à Sherbrooke (155 000) ou Saguenay (145 000), respectivement les 6e et 7e villes en importance au Québec. Le nombre de gadgets et de babioles qu'on y présente est tel qu'il est absolument impossible pour quiconque d'en voir la totalité, voire le tiers, pendant les quatre jours que dure l'événement.
Pourtant, l'événement semble perdre chaque année en importance. C'est encore plus vrai en 2013, première édition boudée par Microsoft. Autrefois acteur clé de l'événement, au point où son PDG en prononçait chaque année le discours d'ouverture, Microsoft a choisi d'imiter Apple et Google, entre autres, qui n'y ont jamais mis les pieds.
À cause de sa taille, justement, de plus en plus d'entreprises se retirent du CES. Elles choisissent plutôt d'autres événements, parfois plus spécialisés, parfois organisés par elles-mêmes, pour lancer leurs nouveaux produits en retenant un maximum d'attention.
Ainsi, les prochains modèles importants de téléphones intelligents seront fort probablement absents à Las Vegas. Ils seront plutôt dévoilés à la fin février, au Mobile World Congress de Barcelone, ou dans des événements spécifiques organisés par Samsung, Apple et Microsoft.
La prochaine génération de consoles de jeux vidéo devrait elle aussi retenir beaucoup d'attention dans le domaine de l'électronique cette année. Mais si tout se passe comme prévu, c'est à l'exposition E3, spécialisée en jeux vidéo, que Microsoft et Sony devraient présenter pour la première fois les prochaines Xbox et PlayStation.
La situation est similaire pour ce qui est des tablettes. Quant aux « ultrabooks », ces ordinateurs ultralégers qui étaient en vedette l'an dernier, leur temps est (déjà) révolu.
Alors, que verra-t-on et que ne verra-t-on pas au CES?
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Ce qui devrait retenir l'attention
• La maison et l'auto intelligentes
Le taux de pénétration des téléphones intelligents a atteint un seuil si important que leurs utilisateurs représentent une masse critique suffisamment importante pour plusieurs marchés « secondaires ».
On voit par exemple apparaître de plus en plus d'appareils et d'applications dédiées à la domotique, soit au contrôle à distance de certaines fonctions de sa maison. C'est le cas, pour n'en nommer qu'un seul, du Lockitron, un appareil qui vous permet de barrer ou débarrer une porte à l'aide de votre iPhone. Il en existe d'autres pour contrôler l'éclairage, la température, des caméras de sécurité, etc.
Il ne serait pas étonnant de voir une nouvelle collection d'appareils du genre être présentés au CES.
De même, les fabricants automobiles s'intéressent eux aussi aux utilisateurs de téléphones intelligents. Particulièrement ceux qui visent une clientèle jeune ou en moyens. Huit des 10 plus grands fabricants automobiles au monde sont attendus au CES. Ils devraient y présenter d'un côté des systèmes permettant d'intégrer des téléphones intelligents et, de l'autre, des systèmes embarqués autonomes qui utilisent Internet de différentes façons, par exemple pour le GPS. Les premiers ont beaucoup plus de chances de succès que les seconds.
• La télévision, pas les téléviseurs
Au cours des dernières années, le CES a été un événement dominé par les fabricants de téléviseurs et autres équipements connexes. C'est là par exemple qu'on a vu naître (et s'achever) la guerre HD-DVD contre Blu-ray, ou émerger des technologies comme les écrans OLED, la télé 3D et la télé intelligente. Sans compter qu'on y trouve chaque année un concours informel du fabricant qui débarquera avec le plus gros téléviseur possible, peu importe l'absurdité de son prix.
Il ne faudrait pas se surprendre de voir certains fabricants revenir à la charge dans le domaine de la télévision intelligente, mais ces efforts seront manifestement vains. Bien que logique, l'émergence de cette technologie est freinée par le fait que chaque fabricant y va de sa propre solution propriétaire et fermée, plutôt que de s'entendre sur des standards communs. Or, une seule entreprise semble en mesure de réussir ce genre de coup : Apple. Et on sait une chose, ce n'est pas au CES qu'on verra la tant attendue télévision Apple.
À défaut des téléviseurs, donc, il ne faudrait pas se surprendre que ce soit la télévision, en tant que contenu plutôt que contenant, qui vole la vedette. Les séries télé sont devenues le nouveau contenu à la mode, qu'un peu tout le monde s'arrache. Il pourrait y avoir au CES des annonces intéressantes d'intégration de contenus sur diverses plateformes dont, pourquoi pas, l'automobile.
• Des appareils Windows 8 à la tonne
Ce sera ici une question de volume plutôt que de quantité. Avec son interface conçue pour les écrans tactiles, Windows 8 ouvre la porte à des appareils avec des formes nouvelles, hybrides entre portables et tablettes, parfois détachables pour faire les deux. On verra probablement poindre quelques modèles à l'allure extravagante. Auront-ils du succès? J'en doute.
• Le chat parti, les souris dansent
L'absence de plusieurs grands noms pourrait donner à certaines plus petites entreprises l'occasion de se distinguer. À surveiller, par exemple : la présentation de certains produits financés par le public par le biais de plateformes comme KickStarter.