Les experts en gestion de projet se font rares. «Nous assistons à une pénurie dans ce champ d'expertise. Non seulement au Québec, mais dans le monde entier», soutient Brian Hobbs, titulaire de la Chaire de gestion de projet de l'ESG UQAM.
La Banque mondiale estime que plus du tiers de l'activité économique repose sur la gestion par projet. Et de l'avis du PMI, la planète nécessitera pas moins de 1,2 million de nouveaux gestionnaires de projet par an au cours des 10 prochaines années.
Une solution aux compressions budgétaires
Pourquoi cet engouement soudain ? Les compressions budgétaires des entreprises qui veulent faire plus avec moins et la concurrence des marchés entraînent le changement, l'innovation et l'adaptation. Trois facteurs qui favorisent l'éclosion des besoins en gestion de projet au sein des entreprises qui veulent demeurer concurrentielles. «Aujourd'hui, les entreprises ne peuvent plus demeurer en mode statique. À moins de vouloir disparaître. Elles doivent créer de nouveaux projets. Par conséquent, leurs besoins de gestionnaires de projet augmentent et créent la pénurie», ajoute le professeur Hobbs.
Cette pénurie commence toutefois à inquiéter Delsar, une firme en gestion de projet spécialisée dans la réalisation d'infrastructures industrielles. L'entreprise, qui compte 40 employés, doit engager à peu près 5 gestionnaires de projets par an.
«Notre recette traditionnelle de recrutement s'essouffle. Tous les candidats que l'on pouvait dénicher par notre réseau de contacts, par les offres d'emploi et par les chasseurs de têtes ont été trouvés. La prochaine étape sera d'aller cogner aux portes des universités et de demander aux professeurs des départements liés au domaine d'identifier pour nous les étudiants qui présentent les meilleures aptitudes en gestion de projet», dit son président, Alain Bonneau.
L'expérience et le vécu avant tout
Les universités qui offrent des programmes en gestion de projet ainsi que les autres cadres de formation agissent à titre de compléments. «L'expérience de travail et le vécu des individus demeurent encore des éléments essentiels qui sont recherchés par les employeurs», fait remarquer M. Hobbs.
Parlez-en à Thierry Desjardins, vice-président chez Ecosystem, à Québec, qui a dû embaucher une centaine d'employés depuis 2002. Des candidats pour qui les réalisations en gestion de projet, si minimes soient-elles, ont servi de prérequis. «Nos expériences avec les diplômés en gestion de projet, mais sans véritable vécu, n'ont jamais été concluantes. En revanche, de jeunes ingénieurs qui ont déjà dirigé un comité d'étudiants, un journal d'école ou qui ont participé à des concours d'ingénierie réservent d'agréables surprises», dit ce vice-président qui a évalué plus de 500 candidats en 10 ans.
Selon Brian Hobbs, le meilleur moyen pour les entreprises de contrer la pénurie est de recruter à l'interne. De découvrir les employés doués pour la gestion et de leur offrir une formation afin de bonifier leur méthodologie.
La gestion de projets, particulièrement en TI, figure parmi les cinq meilleurs emplois en Amérique du Nord pour ce qui est des salaires et des perspectives d'avancement, selon CNN Money.