À une époque où les besoins en énergie sont de plus en plus grands, il est clair qu'il faudra trouver d'autres sources d'approvisionnement. Une partie de la solution viendra probablement de certains de nos résidus, ce qu'on appelle la biomasse résiduelle.
Au Québec, les résidus qui offrent le meilleur potentiel proviennent de trois sources : l'industrie forestière, les activités urbaines et l'agriculture.
Beaucoup de possibilités
Selon le ministère des Ressources naturelles et de la faune du Québec (MRNF), la disponibilité annuelle de la biomasse forestière renouvelable est de 6,4 millions de tonnes métriques sèches, soit environ 20 millions de barils de pétrole ou 33,5 TWh. La biomasse urbaine représente environ 7 millions de tonnes métriques. La biomasse agricole, moins importante, n'est pas négligeable pour autant.
Les possibilités énergétiques de ces matières organiques sont extrêmement variées.
Par exemple, la biomasse forestière peut être transformée en granules ou en copeaux pour alimenter des chaudières vouées à remplacer celles au mazout ou au gaz dans des établissements institutionnels. Cette même matière peut aussi être utilisée dans des usines de cogénération produisant de l'électricité et alimentant le réseau d'Hydro-Québec. Cette même biomasse forestière peut être transformée chimiquement en éthanol ou en biodiésel de seconde génération. Les biomasses urbaine ou agricole peuvent aussi être exploitées d'une foule de façons, et transformées par des procédés différents, en éthanol ou encore en biogaz.
Avantageux
Les avantages d'utiliser ces ressources sont très vastes et marient à la fois l'intérêt environnemental et l'intérêt économique. On parle notamment de bilan neutre en CO2, de l'utilisation de ressources renouvelables, de réutilisation de matières vouées à l'enfouissement sanitaire, de dépollution, de croissance économique locale par l'établissement d'industries à proximité de la ressource, de diminution de la dépendance aux combustibles fossiles et d'injection d'argent dans l'économie.
L'un des principaux écueils au développement de cette filière est l'accès à la ressource et la difficulté de la récolter.
Mais il y a aussi des défis technologiques à relever en matière de transformation, notamment pour les biocarburants. Et l'un des obstacles au Québec est, paradoxalement, le très faible coût de l'électricité, qui n'incite ni à l'innovation ni à la conversion.
Toutefois, des mesures sont en voie d'ouvrir ce nouvel Eldorado de l'énergie verte pour les entrepreneurs québécois. On pense notamment au décret suite auquel Hydro-Québec lancera un appel d'offres pour l'achat de 125 MW d'électricité produite par cogénération à la biomasse, et au projet visant l'essence qui, d'ici 2012, devra contenir au moins 5 % d'éthanol.
Ces mesures ne sont vraisemblablement que la pointe de l'iceberg. Avec l'innovation technologique, une bonne concertation des intervenants et des mesures claires pour protéger les ressources à long terme, l'énergie de la biomasse pourrait considérablement changer le portrait socioéconomique du Québec en moins d'une génération.
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