Lise Gagnon travaille dans un secteur où tout change très vite. Et la tendance de l'heure qui l'occupe le plus, c'est le retour aux sources dans nos assiettes.
La vice-présidente du marketing et de la R-D chez Olymel planche notamment sur la commercialisation de « produits naturels » [issus d'ingrédients naturels]. Si ces produits comptent aujourd'hui pour seulement 210 millions de dollars de ventes, soit moins de 1% des revenus (2,2 milliards de dollars en 2010), ils devraient générer de 5 à 10% en 2017, prévoit Lise Gagnon.
« Les produits naturels représentent encore de petits volumes pour nous, mais c'est une tendance lourde : ce n'est pas une mode qui va s'estomper ! » laisse tomber Lise Gagnon, responsable du marketing et de la R-D du transformateur alimentaire depuis décembre 2007.
L'entreprise commercialise ses produits sous les marques Olymel, Lafleur et Flamingo. Ce printemps, Olymel a lancé une nouvelle gamme de produits, Smart Nature. Il s'agit de jambon de porcs nourris à partir d'ingrédients naturels, par exemple de fibres comme la racine de chicorée. C'est un produit de niche, plus dispendieux que le jambon classique.
Olymel a aussi lancé récemment des charcuteries sous la marque Lafleur Authentique. « C'est un jambon fait à partir d'une liste réduite d'ingrédients, dit Lise Gagnon. Mais contrairement à la gamme Smart Nature, il ne contient pas de fibres ajoutées. » Comme Lafleur célèbre son centenaire cette année, Olymel veut offrir à ses clients une saveur plus à l'ancienne, tout en tablant sur la demande accrue de produits plus nature.
Surveiller les tendances
C'est en scrutant minutieusement les tendances et l'âme des consommateurs que Lise Gagnon et son équipe (10 personnes au marketing, une douzaine à la R-D) arrivent à commercialiser les bonnes gammes de produits au bon moment. Car, dans l'industrie alimentaire, un bon synchronisme est le nerf de la guerre.
Par exemple, pour ne pas passer à côté de la tendance, Olymel est abonnée au service The Innova DataBase. Il s'agit d'une base de données payante sur l'innovation alimentaire partout dans le monde. Elle est elle-même « alimentée » par des professionnels en commerce de détail, qui débusquent les nouveautés les plus pertinentes. Innova offre des photographies permettant de visualiser des milliers de produits. Olymel constitue aussi de 50 à 150 groupes cibles par année afin de sonder les besoins des Canadiens. « Nous faisons cet exercice pour développer des produits, mais aussi pour valider notre stratégie de communication auprès des consommateurs. Nous pouvons tester par exemple une publicité avant de la mettre en ondes », dit Lise Gagnon.
L'entreprise utilise aussi des sites Internet (des panels de consommateurs virtuels) pour tâter le pouls des consommateurs. Ce sont des candidats volontaires qui donnent leur avis sur divers concepts alimentaires. « Cette approche nous permet de valider des stratégies commerciales, en plus de mesurer l'ampleur des tendances au Canada », dit-elle.
Lise Gagnon se déplace pour assister à différents salons agroalimentaires. C'est l'occasion rêvée pour son équipe et elle de faire du terrain. « On en profite pour parler, discuter avec les consommateurs. On peut faire ainsi une meilleure adéquation entre la demande et l'offre d'aliments. »
La vice-présidente mise de plus sur l'expérience qu'elle a acquise au fil des ans avant de se joindre à Olymel. Après avoir fait ses études en administration et décroché un MBA en marketing à l'Université Laval, elle a été notamment responsable du développement des marques chez le producteur de jus Lassonde. Elle a aussi travaillé chez Parmalat Canada, où elle était responsable de la mise en marché du lait Pur Filtre Lactantia.
Fait surprenant pour cette spécialiste du marché alimentaire, Lise Gagnon a été durant des années à l'emploi de Belron Canada, filiale d'une société britannique qui gère plusieurs enseignes d'entretien automobile, dont Lebeau Vitres d'autos, Speedy Glass ou Duro Vitres d'autos.
Une expérience diversifiée qui l'aide à relever les défis de commercialisation chez Olymel. Les besoins en marketing sont importants, et elle doit les relever sans défoncer son budget.