Walmart, qui ne possède aucun centre de distribution au Québec, cherche une façon efficace d'approvisionner en fruits et légumes frais ses trois Supercentres qui seront inaugurés cet été dans la région de Montréal. Les Affaires a appris que les producteurs agricoles envisagent de se regrouper pour effectuer des livraisons, une méthode inédite pour le marché local.
En prévision de l'ouverture de ses premiers Supercentres à Laval et Mascouche, Walmart affirme négocier avec 120 fournisseurs locaux potentiels. Quelques ententes auraient déjà été conclues, mais le détaillant n'est pas en mesure de divulguer des noms pour le moment.
Le défi est de trouver le moyen d'approvisionner ces mégasurfaces qui proposeront des fruits, des légumes, de la viande, des poissons et du prêt-à-manger. Walmart ne veut pas que les brocolis et les fraises du Québec transitent par l'Ontario avant de revenir dans la Belle Province.
Mais, pour un certain temps, le nombre de Supercentres sera insuffisant pour justifier l'exploitation d'un entrepôt dans la région de Montréal. Des négociations ont donc été entreprises avec des producteurs maraîchers.
Du champ aux tablettes
Walmart a proposé à des agriculteurs d'effectuer eux-mêmes les livraisons dans les magasins, relate André Plante, directeur général de l'Association des jardiniers maraîchers du Québec, mais le volume ne compenserait pas les coûts et la complexité de l'affaire.
Le détaillant a ensuite suggéré aux producteurs de se mettre à cinq ou six pour remplir un camion. " Ce serait 100 % nouveau au Québec ", mentionne celui qui représente 400 producteurs, précisant que la formule existe pour l'exportation. Rien n'est encore décidé, mais l'idée fait son chemin.
Serres Sagami, qui cultive des tomates bios à Sainte-Sophie, dans les Laurentides, est de celles qui espèrent profiter de l'arrivée des Supercentres. André Michaud, directeur du développement, précise qu'il a rempli récemment le vendor agreement.
Ce document, " un record mondial de complexité ", dit-il, permet à Walmart " de s'assurer qu'ils ne font pas affaire avec des entreprises "broche à foin" ". Chaque fournisseur potentiel doit donner une foule de détails sur ses contrôles de salubrité, ses ressources humaines, ses assurances.
" C'est une étape importante. Ça veut dire qu'ils considèrent que vous êtes capable de satisfaire leurs attentes ", affirme André Michaud, qui attend des nouvelles du géant américain. " Dans les négociations, on a l'impression de faire affaire avec une petite entreprise, se surprend-il. Ils étaient deux à nous rendre visite, pas 25. Ils ne portent pas de cravate ou de lunettes noires. Ils sont amicaux. Leur approche, humaine, est surprenante. "
Local et vert
De l'avis de ce producteur, Walmart veut réellement miser sur l'achat local, étant donné qu'elle cherche à s'approvisionner en fraises du Québec. " Des petits fruits américains, il y en a en abondance, que ce soit des fraises, des framboises, des mûres ou des bleuets ". André Michaud est pour sa part surpris de constater à quel point le développement durable est " excessivement important " pour le détaillant.
En général, les relations entre les producteurs maraîchers et le géant du détail se passent bien, contrairement à ce que l'on pourrait croire. " Je collabore au Conseil canadien de l'horticulture et les gens me disent, en Ontario surtout, que les Supercentres, c'est la meilleure chose qui leur soit arrivée. "