À Beyrouth, au Liban, le resto Buns & Guns offrait un décor militaire, un bruit d'hélicoptère en guise de " musique " d'ambiance, et la nourriture y était emballée dans du papier camouflage. Au New Lucky, à Ahmadabad, en Inde, on mange parmi les cercueils. Ce sont des singes qui font office de serveurs au Kayabukiya Tavern d'Utsunomiya, au Japon, et des enfants au KinderKookKafe à Amsterdam. Ailleurs, des restos se métamorphosent en hôpital, en prison ou en avion; d'autres changent de décor tous les soirs, offrent des cours de langues, sont suspendus à une grue (Dinner in the Sky), ou encore se trouvent sous la mer, comme le Conrad Maldives Rangali Island's.
" Même si ça reste un créneau pointu, les restos à concept, ludiques, sont tendances ", dit Michèle Laliberté, analyste au Réseau de veille de la Chaire de tourisme Transat de l'ESG-UQAM, qui a recensé les établissements du genre. " Le resto, c'est du divertissement ", dit Michel G. Langlois, professeur au Département de marketing de l'ESG-UQAM. " La nourriture n'est qu'une seule des composantes de l'expérience. Les gens doivent aussi avoir du plaisir. " Les restos à thème jouent cette carte à fond.
Le restaurant Au Noir, à Montréal, s'inspire de cette tendance : les clients mangent dans l'obscurité comme s'ils étaient aveugles. Le Robin des Bois, sur le boulevard Saint-Laurent, s'inscrit aussi dans cette mouvance, explique Mme Laliberté, tous les profits allant à des organismes communautaires.
Avant même d'avoir servi leur premier plat, ces restaurants bénéficient déjà d'une couverture médiatique. Mais ce buzz ne suffit pas, dit Michel G. Langlois. " Cela attise la curiosité, mais ça n'assure pas la fidélisation. Est-ce que les clients reviendront ? Le succès à long terme dépendra de la capacité de l'établissement à maintenir une expérience originale. " Et à cuisiner de bons plats. Car le décor le plus éclaté ne remplacera jamais d'excellents sautés...
martine.turenne@transcontinental.ca