BLOGUE. Lors du débat de mardi soir entre François Legault et Jean Charest, un échange «ping-pong» s’est déroulé entre les deux candidats sur le manque de positionnement du premier lors du rachat de Provigo en 1998 par Loblaws, et par le second lors du rachat d’Alcan par Rio Tinto en 2007.
Que M. Charest ose comparer les deux est assez symptomatique de ce qui se passe au Québec depuis quelques années. Provigo, fondée en 1969, fut rachetée par une entreprise ontarienne pour la somme de 1,6G$. Pas chinoise ou australienne, ONTARIENNE.
Alcan, fondée en 1902, fut rachetée pour 38G$ US par une entreprise AUSTRALIENNE. J’ai maintes fois répété dans les dernières années que cette perte, de même que celle d’Inco (2006 par le brésilien Vale) et de Falconbridge (2006 par l’anglo-suisse Xstrata) était une honte pour le Québec et le Canada.
Si nous avions pu souder ces trois entreprises ensemble d’une façon ou d’une autre, c’est au Canada que se trouverait la plus importante minière au monde. Pas en Australie, pas en Chine, pas au Brésil, pas en Inde, pas en Suisse ou en Angleterre.
C’est ici que se prendraient les décisions stratégiques, pas là-bas. Et lorsque je parle de stratégique, ce sont des milliers d’emplois de haute qualité en ingénierie, en finance, en droit, en R&D et j’en passe. Des centaines d’autres dans des bureaux comptables, d’avocats, de publicité au Québec et au Canada.
Dans le cas de Provigo on est dans l’industrie de la vente au détail alimentaire. Domaine en constante évolution (Dominion, Steinberg…) et dont la compétition des gros joueurs (Wal-Mart, Costco, Loblaws) est inexorable, tel un rouleau compresseur. Ici on parle de quelques centaines d’emplois dans un siège social et des milliers d’autres près du salaire minimum. Comme dans une grande partie des milliers d’emplois créés au Québec dans les dernières années. Pour construire des centres d’achat, on est très bon au Québec. Pour faire des routes pour s'y rendre aussi. Mais pour des emplois de qualité, ça prend des entreprises de qualité, et ça on en a de moins en moins, nos entrepreneurs se battant constamment entre la paperasse gouvernementale, les taxes et le manque de formation de nos jeunes.
Provigo n’était pas le meilleur exemple, car c’est une industrie évolutive et personne ne pourrait dire qui sera encore là dans dix ans entre les joueurs actuels dont certains sont devenus aujourd’hui des fleurons québécois (Metro, IGA, Adonis, Alimentation Couche-Tard). J’aimerai beaucoup plus qu’on aide les petits producteurs et transformateurs agroalimentaires du Québec à se démarquer sur la scène nord-américaine (voir le rapport Pronovost 2008) plutôt que de me parler du changement de contrôle de Provigo en 1998.
J’aimerai beaucoup plus que l’on me parle de l’avenir du Québec que des mauvais coups des dernières années. Fin du Blog
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